« Le Tchad a besoin des dirigeants serviteurs à tous les échelons de la République », dixit, le Président du parti d’opposition Les Transformateurs, Dr.SUCCES MASRA décidé à être le prochain Président du Tchad après la période de transition de dix-huit mois décrété par le Président du Comité Militaire de Transition(CMT) suite à la mort brutale du Président Idriss Déby Itno le 20 avril 2021. Sur un projet de société claire, fédérateur et bénéfique pour ses compatriotes, le brillant économiste, à l’aube de ses 39 ans entend tracer une nouvelle ère de rédemption socioéconomique pour son peuple.
par Clément Tchouanté
« Le Tchad a besoin des dirigeants serviteurs à tous les échelons de la République, du sous-préfet au Président de la République, en passant par les Préfets, Gouverneurs, Directeurs des entreprises publiques, des Responsables des services publics et les Ministres »
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Où en êtes-vous avec le Grand Dialogue National initialement prévu le 15 février et reporté pour le 10 mai 2022 en raison de l’organisation du pré́-dialogue avec les politico- militaires, des représentants des groupes armés qui s’est ouvert le 27 février à Doha au Qatar ? A ce jour, nous sommes à moins trois mois de la tenue des « élections présidentielles démocratiques, libres et transparentes» comme l’avait annoncé́ le Président du Conseil Militaire de Transition (CMT), Mahamat Idriss Déby, lors de son adresse à la Nation le 27 avril 2021. Selon vous, la météo sera-t-elle bonne à date ? A ce rythme, Pensez-vous que les élections pourront se tenir d’ici avant la fin de l’année 2022 ?
SUCCES MASRA
Mon jeune frère le Général Mahamat et les 14 Généraux membres du Conseil Militaire de Transition, malgré le biais lié au coup de force qui leur a permis de prendre le pouvoir en jetant la Constitution après la mort du Président Deby dont personne ne peut aujourd’hui vous dire les circonstances exactes de la mort, se sont engagés devant les Tchadiens, devant l’Union Africaine et le monde, à organiser dans un délai de 18 mois, des élections libres et transparentes auxquelles eux mêmes et qui gèrent la Transition, parce qu’ils ne peuvent être joueur et arbitre ou juge et partie, ne peuvent prendre part. La réussite de cette transition s’évaluera à ce seul critère afin de remettre le pouvoir à une équipe élue et les militaires continueront à assurer la sécurité du Pays en retournant aux casernes et en étant au front contre le terrorisme. Si ce sur quoi ils se sont engagés n’est pas respecté, alors le Peuple en tirera les conclusions, d’autant plus qu’ils s’en sont tenus à la Charte qu’ils ont eux-mêmes rédigée et qui donne tous les pouvoirs au Président du Conseil Militaire de Transition. Le Premier responsable de la réussite ou de l’échec de la Transition sera le Président du Conseil Militaire de Transition et ceux qui l’ont adoubé. Pour ce qui nous concerne, si le Peuple confie aux Transformateurs le Leadership posttransition, nous nous engageons et nous le leur avons dit, que nous travaillerons avec tous les militaires. Nous nous engageons à garantir aux militaires qui auront assuré et réussi la transition, un statut particulier de pères fondateurs du Tchad moderne et avec eux tous, nous allons transformer encore plus nos forces de sécurité pour les porter des forces 2 étoiles admirées aujourd’hui vers des forces 5 étoiles qui seront alors redoutables pour notre sécurité et pour la lutte contre les terrorismes et les obscurantismes de tous ordres qui sévissent dans notre sous-région et au delà.
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Le parti d’opposition Les Transformateurs est l’un de ceux dont la participation au dialogue national reste soumise à condition. Quelles sont vos revendications avant de se joindre à ce processus ?
SUCCES MASRA Ces conditions de confiance répétées à différentes occasions sont communiquées au Président du Conseil Militaire de Transition (PCMT) et aux membres du CMT et à tous les partenaires de notre pays y compris l’Union Africaine et les Nations Unies. Ces conditions tirent les leçons de pourquoi les dialogues de 1993, 2018 et 2020 n’ont pas marchés et prennent en compte l’observation des actes posés parle PCMT/CMT durant la moitié du temps de 18 mois sur lequel il s’est engagé pour la transition. Les voici à date:
i. Au nom du principe qu’on ne peut être juge et partie, joueur et arbitre, le PCMT est appelé à consacrer clairement par écrit l’Inéligibilité des dirigeants de la transition (PCMT, Membres du CMT, Premier ministre de transition, Président de l’assemblée nationale de transition et tout autre organe majeur qui serait mis sur pied pour gérer la transition à l’issue du dialogue). Cette inéligibilité vaut pour l’élection qui aura lieu pour consacrer la fin de la transition et transmission effective du pouvoir aux équipes élues. A cet effet, le PCMT, comme premier responsable de la réussite ou de l’ échec de la transition doit prendre un acte solennel irrévocable qui consacre:
(i) l’inéligibilité des dirigeants de la transition y compris lui-même;
(ii) la souveraineté du dialogue;
(iii) le referendum comme mode d’adoption de la future constitution;
(iv) l’inamovibilité des dirigeants de la transition choisis de manière consensuelle pendant le dialogue pour la suite de la transition;
(v) la consécration du mode consensuel de rédaction du projet de la future constitution( par une constituante) qui ne saurait être confiée au CNT dans sa forme actuelle selon la charte non révisée. La constitution est la chose la plus importante qui sortira du dialogue, car d’elle dépendra tout le reste.
Pourquoi exigeons-nous un écrit ? Parce que l’administration est écrite et qu’un engagement oral non solennel qui en plus est différent de la charte qu’ils ont refusé à date de modifier, n’engage personne.
ii. Codéfinition, par un comité bipartisan à poids égal entre les protagonistes, de l’agenda du dialogue souverain qui doit être le lieu de redéfinition des fondamentaux du Tchad sans encombrer cela des discussions sectorielles qui doivent être laissées à l’équipe qui sera élue par les Tchadiens à l’issue de la Transition. Le projet d’agenda conjoint avec les autres organisations est transmis à cet effet.
iii. Codéfinition de façon bipartisane, des critères de juste représentation, participation équilibrée et qualité des participants au futur dialogue souverain. Les premières propositions sur ces critères sont transmises.
iv. Ceux qui gerent la transiton doivent faire un point clair sur les résultats de l’enquête sur les Marcheurs abattus injustement le 27 avril 2021 sous le CMT, les différents manifestants abattus dans le pays et prendre les mesures de décrispation qui comprennent la securité, les libérations, les amnesties additionnelles, la garantie de toutes les libertés publiques et la neutralité des forces de sécurité dans les activités politiques partisanes. Et bien d´autres mesures économiques et sociales de création d’emplois et d’accès aux opportunités pour les jeunes notamment (engagement pour un Plan Oxygène Social et économique de 10 000 emplois dans le secteur privé, création du Haut commissariat transitoire à la diversité dans les nominations, promotions, intégrations à la fonction publique et l’accès aux fonctions privées et internationales réservées au Tchad).
Vous voyez que ce sont des conditions totalement accessibles si en face il n’y a pas de plan caché et s’il y a la bonne foi. Ce sont des conditions de confiance que nous souffle le Peuple, le peuple tchadien souvent trompé et qui exige des conditions de confiance. Et il faut le dire, c’est la dernière chance qui s’offre à notre pays. Nous exhortons donc tout le monde à aller à l’autel de la bonne foi, de la vérité et de la sincérité sans lequel le Tchad risqué la dislocation.
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Concrètement le Tchad a plus besoin de quoi aujourd’hui pour amorcer son réel décollage socio-économique ?
SUCCES MASRA
Le Tchad a besoin des dirigeants serviteurs à tous les échelons de la République, du sous-préfet au Président de la République, en passant par les Préfets, Gouverneurs, Directeurs des entreprises publiques, des Responsables des services publics et les Ministres. Notre pays a toutes les ressources pour son développement, mais ce qui lui manque, c’est l’esprit d’hommes et de femmes d’État à tous les échelons qui rendent compte et qui ont des résultats pour leur Peuple qu’ils doivent servir. Le premier ingrédient est la dignité, actée dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme en son article premier ‘Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité’.
C’est pour dire que le premier préalable au décollage socio-économique est le respect de la dignité de tous les Tchadiens et toutes les Tchadiennes sans distinction de région, d’ethnie, de clan, de caste. Un Peuple sans électricité, sans eau potable, sans toit décent, sans emploi, incapable de partager 3 repas dignes par jour est un peuple abandonné dans l’indignité de la misère. Le deuxième ingrédient est la Justice qui est la jumelle de la justice. La justice élève une Nation et la noblesse de l’action publique, c’est de veiller à la dignité de l’être humain. Une jeune fille qui ne parvient pas à terminer son cursus académique parce que son frère doit le terminer est une justice, résultant non pas de la volonté des parents, mais de l’absence de moyens suffisants pour laisser les deux enfants terminer leur cursus académique.
Un cultivateur qui ne peut pas jouir de sa production parce que celle-ci est ravagée par un troupeau de bœuf en mal de points d’eaux et de verts pâturages ne peut avoir les moyens nécessaires pour combler ses besoins primaires qui se résument à avoir trois repas par jour, une habitation décente, une mutuelle de santé, l’éducation pour lui et sa progéniture. L’absence de justice c’est lorsque des jeunes formés par l’Etat pour combler un besoin ne sont pas recrutés par ce même Etat qui a la place procède à un recrutement de fonctionnaire sur une base discriminatoire et remplit l’administration de ceux qui ont salué l’école à distance. Le troisième ingrédient est l’option préférentielle pour les oubliés de la République et les discriminés et qui passe notamment par l’ouverture de l’espace politique et économique à la femme.
Le Tchad ne verra son amorce économique que lorsque la Justice sera un fait avec le mérité récompensé et la valeur travail célébrée tout en ayant un regard particulier sur les oubliés de la République pour lesquelles des politiques publiques spécifiques seront déployées. Et pour y parvenir, les Tchadiens doivent comme une seule personne faire preuve de courage pour gagner leur liberté. J’ai d’ailleurs à cet effet publié douze lettres adressées à toutes les couches sociales intitulé le ‘Courage de la Liberté’ pour bâtir enfin au Tchad cet autel du Leadership serviteur et transformationnel qui élèvera notre pays.
« Ceux qui gèrent la transition doivent faire un point clair sur les résultats de l’enquête sur les Marcheurs abattus injustement le 27 avril 2021 sous le CMT, les différents manifestants abattus dans le pays et prendre les mesures de décrispation qui comprennent la sécurité, les libérations, les amnisties additionnelles, la garantie de toutes les libertés publiques et la neutralité des forces de sécurité dans les activités politiques partisanes »
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Si vous êtes élu Président de la République du Tchad à l’issue du scrutin, quels seront vos grands chantiers prioritaires pour redonner la grandeur du Tchad que ‘nous aimons tous’ ?
SUCCES MASRA
Les Tchadiens ont soif d’avoir des leaders serviteurs qui s’occupent enfin de leur vie. Si les Tchadiens décidaient de confier le Leadership National aux Transformateurs, nous allons, en cinq piliers et cinq priorités, libérer les énergies de transformation du Tchad et ce, en cinq ans. Pendant longtemps, y compris à cause d’une narrative biaisée, le monde a été habitué à un Tchad sur une seule jambe, sécuritaire. On a vendu au monde un Tchad tellement en sécurité que son président meurt au front avec une dizaine de mouvements rebelles en permanence et la moitié de son territoire déconseillé aux touristes par ses partenaires. Tout ceci avait un fond totalement faux.
En nous confiant le Leadership national demain, les Tchadiens auront choisi de porter enfin le Tchad sur ses deux jambes; un Tchad capable d’être responsable sur les questions sécuritaires et de lutte contre le terrorisme et les enjeux d’intérêt copartagé d’une part, nous nous y engageons ; mais aussi d’autre part, un Tchad qui aura su enfin libérer les énergies de sa profonde transformation économique et sociale. C’est à cela que nous allons nous atteler et ces énergies que nous allons libérer ensemble se trouvent aussi bien à l’intérieur du Tchad que dans la Diaspora, dans les milieux urbains et ruraux, auprès des jeunes et des plus âgés, chez les croyants et les non-croyants, chez les Chrétiens et les Musulmans, chez les femmes et les hommes, chez les civils et les militaires, chez les fonctionnaires et les entrepreneurs.
Parce que la plus grande richesse d’un pays, c’est ses ressources humaines, aucune ressource humaine tchadienne ne sera inutile ou de trop. Voyez-vous, c’est avec ce Tchad au pluriel bâti sur la force de la diversité, avec la conviction que comme un athlète, notre pays ne peut pas aller loin s’il n’a qu’une seule jambe que nous allons ensemble libérer les énergies de transformation du Tchad. C’est donc un Tchad sur ses deux jambes que nous allons bâtir avec une méthode : le rendre compte à travers des contrats de performance et de résultat qui deviendra le réflexe afin d’installer à tous les échelons de la République, des leaders serviteurs qui rendent compte à leur Peuple, du commis de l’État le moins gradé à la tête de l’État. Parce que nous croyons au pluriel d’où notre nom au pluriel, Les Transformateurs, nous allons faire de l’éducation la première priorité de l’État, en budget, en moyen, en rang protocolaire, car c’est par l’éducation que notre pays inventera les solutions du monde qui vient. Le Tchad ne peut pas être le géant espéré fidèle à sa vocation de berceau de l’humanité, si 90% de sa population demeure dans l’obscurantisme de l’analphabétisme, synonyme de berceau de la précarité humaine.
Dans cette sorte d’élévation d’éducation au-dessus de tout, tous les talents Tchadiens formés seront employés, et utilisés par la nation dans le secteur public ou privé. C’est aussi cela rendre justice à la compétence et au mérite. Parce qu’il n’y a rien de durable qu’un Peuple peut faire s’il n’est pas en bonne santé, la santé sera au cœur de la politique de vie pour notre peuple. Avec les programmes de type, un village, un centre de santé ; une agglomération, un district sanitaire ; nous allons, au-delà des formations en nombre et spécialités de médecins et personnel médical dont 70% nous manque, doter notre pays en infrastructures sanitaires aussi bien dans les milieux urbains que ruraux où vit aujourd’hui plus de 70% de notre population. Dans les milieux ruraux, nous allons déployer les programmes un village un centre de santé équipé et doté du personnel médical minimum.
Résoudre les problèmes du monde rural, c’est résoudre l’essentiel des problèmes du Tchad. Le Travail deviendra la source de notre réserve d’excellence. Nous devons travailler plus et travailler mieux et ceux qui travaillent honnêtement et fermement auront la juste récompense de leur labeur. Les Pères et mères fondateurs du Tchad l’ont compris en l’inscrivant au cœur de notre devise Unité-TRAVAILProgrès et nous devons repartir à ce fondamental, car parce qu’il n’y a pas de progrès sans travail, il n’y a pas de transformation du Tchad sans le travail.
Réhabiliter la valeur Travail, au-delà de créer les conditions économiques pour que les 200 mille Tchadiens qui rentrent sur le marché de l’emploi en aient un qui leur permette de vivre décemment, nous travaillerons à industrialiser l’agriculture et l’élevage, deux des 4 pattes de notre stratégie économique qui fera désormais de l’économie numérique et de l’intelligence artificielle ainsi que de l’entrepreneuriat culturel, artistique et sportifs, les instruments qui ravivent l’âme, le rayonnement et l’ingéniosité de notre Peuple.
Le Tchad ne peut pas être grand si 90% de lui-même est dans le noir et sans énergie nécessaire à son industrialisation. Nous ferons de l’accès à l’électricité, la lampe qui éclairera le chemin de la transformation du Tchad. Chaque village du Tchad sera ainsi doté d’un mini-système ou réseau électrique qui capitalisera sur l’énorme potentiel en énergie renouvelable et notamment solaire dont dispose notre pays avec l’un des plus importants taux d’ensoleillement de l’Afrique et 60% de sa superficie où il y a du soleil presque 360 jours à l’année.
« Le Tchad ne peut pas être grand si 90% de lui même est dans le noir et sans énergie nécessaire à son industrialisation. Nous ferons de l’accès à l’électricité, la lampe qui éclairera le chemin de la transformation du Tchad »
Voyez-vous, il est temps que la lumière soit et cela passe par une vision assortie des institutions, des lois, des facilités administratives et fiscales assorties d’équipes et instruments de mise en œuvre et suivi des projets transformateurs d’énergie. Que la Lumière soit, c’est le titre de notre livre sur la question centrale de transformation du système énergétique de notre pays et ce sera disponible dans quelques semaines. Enfin, et pas des moindres, nous allons faire de la justice, la colonne vertébrale et la boussole de l’action publique.
Justice institutionnelle à travers une séparation effective et une indépendance réelle de la justice pour laquelle des décisions seront immédiatement prises. Justice commerciale sans laquelle il n’y a aucune sécurité ni pour les créateurs nationaux de richesse, ni pour les investisseurs étrangers qui viendront nous aider à faire grandir le gâteau made in Chad afin d’avoir une prospérité copartagée grâce à un secteur privé robuste et valorisé. Justice sociale enfin avec une option préférentielle pour les plus vulnérables et les oubliés de la République grâce aux développements des infrastructures diverses à caractère social et économique afin de créer les ponts entre les Tchadiens. Il en sera ainsi pour les infrastructures routières, d’accès à l’eau potable et productive, de logements décents, d’accès à l’électricité, d’accès à la terre, d’accès à l’Internet élevé au rang de droit de l’Homme.
Challenge International
Au Mali, le sentiment antifrançais gagne significativement du terrain-on l’a vu le 10 janvier 2022 dans les rues de Bamako et risque embraser de facto tous les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mauritanie, Mali, Niger et Tchad). Les populations veulent que la question sécuritaire soit gérée par les Africains eux-mêmes. Quelle est votre regard sur cette question du maintien ou non de la France dans le Sahel ?
SUCCES MASRA
La question de sécurité est une question de souveraineté et il appartient aux dirigeants africains d’assurer la sécurité de leurs peuples. Personne ne peut remplacer les Africains sur les questions qui engagent leur propre responsabilité. Qui assure la sécurité des Asiatiques, des Indiens, des Américains ou des Européens à votre avis ? C’est eux-mêmes. Alors pourquoi les Africains doivent être au biberon sécuritaire ? Que nous soyons amenés à avoir recours à d’autres peuples pour assurer la sécurité de nos peuples est en soi une incongruité et le moment est venu pour les pays du Sahel de faire monter en puissance leurs armées. Pour le cas du Tchad par exemple, seul 20% de nos forces de sécurité sont au maximum de leur potentialité. Imaginez que nous montions cela à 100% d’efficacité, alors nous serons redoutables et c’est ce que nous prévoyons dans notre plan de transformation méthodique et ordonnée de nos forces de sécurité. Vous savez, la France avait à un moment eu besoin des africains et américains pour la sauver de l’invasion nazie, mais après cela, elle a transformé ses forces et aujourd’hui, il n’y a plus d’armée américaine ou africaine sur sol français. Ça c’est le l’histoire, la France a commencé déjà le retrait et réajustement de sa présence au Sahel. La première responsabilité, elle est la nôtre à nous Africains. Que faisons nous pour donner la force à nos forces de défense et sécurité ? C’est à cette question que tout dirigeant et tout peuple doit répondre. Nous avons conçu avec l’apport du Peuple, une réponse pour ce qui concerne notre pays.
Challenge International
L’Afrique bouge et bouge beaucoup au rythme de révolution de palais : les cas du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée Conakry. Selon vous, L’Afrique a- t – elle toujours soif de liberté après soixante d’indépendance? Qu’est- ce qui ne va pas ? Quel est votre analyse politique de ce qui arrive à ces trois pays Ouest Africaine ?
SUCCES MASRA
L’Afrique a soif de la Liberté et les Africains sont en train d’avoir le Courage de la Liberté. Les Tchadiens sont en train d’avoir au-delà de la soif de la Liberté, le Courage de la Liberté. C’est ce courage qui a conduit à l’indispensable transition forcée à laquelle nous sommes arrivés après plus de 10 semaines de marches consécutives ayant conduit à l’arrestation de plus de 1300 de nos militants, plus de 500 blessés et 17 Marcheurs du Peuple abattus. C’est donc dans la douleur que nous avons obtenu cette transition bancale qui prendra fin par l’arrivé d’un pouvoir démocratique. J’imagine qu’en évitant de citer le cas du Tchad, pour vous sa situation est tellement pire qu’inclassable car nous avions un Président qui a truqué les élections pour se maintenir durant 5 mandats et qui a exclu tout le monde y compris en relavant artificiellement l’âge dans la constitution pour nous exclure de la candidature et quand il est mort, son fils plus jeune que nous a pris le pouvoir en jetant cette constitution qui a permis au père d’exclure 80% de la population ? J’imagine donc que cette circonstance aggravante d’un fils succédant au père dans une transition non constitutionnelle et militarisée est tellement grave que vous évitez la question. Soit. Face à la recrudescence de ces coups de force qui sont symptomatiques d’un vrai recul, je crois que le premier constat, c’est l’inefficacité de l’Union Africaine qui s’est littéralement enterrée en ayant une position contraire à ses principes et sa charte dans le cas du Tchad.
Le sentiment qui prévaut dans ces pays d’influence française que vous vous appelez sentiment anti-français, c’est en réalité une sentiment pro-Afrique, prodémocratie et pro leadership serviteur. Ces nouvelles générations veulent dire à la France qu’il est temps de ne pas regarder le l’Afrique 3.0 avec les loupes du 20ème siècle. C’est ce que nous disons aux autorités françaises, nous qui avons été formés dans les mêmes écoles qu’eux. En l’occurrence, votre serviteur, petit-fils des tirailleurs Tchadiens qui ont aidé à la libération de la France, formé dans la même école que 5 présidents français, je peux le leur dire sans complexe, en toute amitié, mais un vrai ami, c’est celui qui vous dit la vérité. Dans mon pays le Tchad, l’un des grands organisateurs de ce sentiment anti-français, c’était le Président Deby qui disait aux Tchadiens que si les Tchadiens souffrent, c’est parce que la France je cite « l’a obligé à rester au pouvoir contre la volonté du Peuple en lui envoyant un Constitutionnaliste qu’i l’a obligé à modifier la constitution du Tchad » pour rester plus de 2 mandats, jusqu’à 5 mandats. C’est à peine croyable, et bien sûr c’est totalement insultant pour ma génération d’entendre un dirigeant raisonner ainsi, un dirigeant qui se faisait passer pour un panafricaniste en plus. C’est surtout inimaginable et nous avions d’ailleurs en son temps adressé au Président Macron en date du 07 février 2021, pour lui demander la position de la France vis-à-vis de cette grave accusation publique. Tirons les leçons de cette histoire et ne répétons plus les mêmes erreurs, c’est ce que mon Peuple dit à la France et à tous les partenaires de notre pays. C’est cela l’Afrique 3.0, audacieuse, exigeante et bienveillante.
« Il n’y a rien de durable qu’un Peuple peut faire s’il n’est pas en bonne santé, la santé sera au cœur de la politique de vie pour notre peuple »