Dans le prolongement de sa campagne marquée par une importante place accordée à la diversité culturelle, Joe Biden a fait la part belle aux personnalités d’origines diverses, lors de la nomination des premiers membres de son équipe. Le choix le plus marquant du nouveau président américain a été celui de nommer Adewale Adeyemo, un fils d’immigrés nigérians, au poste de secrétaire adjoint au Trésor.
« Bien qu’ils n’aient pas pu être ici aujourd’hui, je tiens à rendre hommage à mon père et à ma mère qui ont immigré dans ce pays à la recherche du rêve américain et de la possibilité de nous offrir, à mon frère, à ma sœur et à moi, une vie meilleure. Ils ont travaillé dur, en tant que directeur d’école primaire et infirmière, pour donner des chances énormes à leurs enfants, mais en cours de route, ils nous ont inculqué les valeurs qui nous guident chaque jour »
valeur du service a conduit mon père à me réveiller tôt le matin du 11 février 1990 pour assister à la libération de Nelson Mandela. Même si les images de ma télévision étaient celles d’une réalité située à des milliers de kilomètres de notre maison en Californie, je pouvais sentir l’espoir que Mandela inspirait non seulement aux Sud-Africains mais aussi à mon père. Voir Nelson Mandela passer de prisonnier à président et entamer le processus de rassemblement d’un pays était plus qu’inspirant, cela m’a motivé à imaginer comment je pourrais utiliser le service public pour améliorer le monde autour de moi.
Le 1er décembre dernier, les médias du monde entier n’avaient d’yeux que pour « Wally ». Chez les démocrates, c’est le surnom donné à Adewale Adeyemo. Nommé secrétaire adjoint au Trésor, pour une première historique aux Etats-Unis, le jeune homme de 39 ans n’en est pour- tant pas à son premier tour sous les pro- jecteurs. Ayant déjà occupé d’importantes responsabilités sous la présidence Obama, le jeune Nigérian continue une fulgurante ascension débutée dès ses premières an- nées, lorsque ses parents et lui ont décidé de quitter le Nigeria à la recherche d’une vie meilleure : le rêve américain. Lorsque Adewale Adeyemo, leur fils, naît en 1981, la famille n’est pas un modèle de stabilité financière.
Pour offrir une meilleure vie à leur fils, ils envisagent d’immigrer aux Etats-Unis. Bien sûr, tout quitter n’est pas un choix facile, mais après quelques mois de tergiversations, la famille nigériane fait le pas et décide de tenter son rêve américain. Ils débarquent sur la Côte Ouest où leur fils grandit, sans jamais oublier d’où il vient. Effective- ment, les parents d’Adewale Adeyemo réussissent à lui inculquer, dès son plus jeune âge, un profond sens du devoir et de la responsabilité. Ils lui enseignent que rien ne lui viendra sans effort et que leur présence aux Etats-Unis était le résultat d’une quête qu’il devra désormais pour- suivre.
Investi des aspirations parentales à une meilleure existence, Adewale Adeyemo se distingue dès son plus jeune âge par une assiduité sans faille durant son parcours scolaire. Bientôt, son petit-frère et sa petite-sœur, nés aux Etats-Unis, rejoignent son quoti- dien. Décidé à leur fournir un modèle, Wally s’emploie à rester sur la voie de l’excellence au lycée Eisenhower. Après ses études secondaires, il rejoint l’université de Berkeley en Californie. Après y avoir obtenu un diplôme de premier cycle en arts, Adewale Adeye- mo décide de faire des études de droit à la Yale Law School. Il y obtient un Juris Doctor Degree, diplôme qui pré- pare généralement les étudiants amé- ricains à tenter leur chance au barreau. Néanmoins, dans quelques cas, les titulaires de ce parchemin se lancent dans des domaines comme la finance. C’est le cas de Wally qui ne ressent pas l’appel du barreau.
Une ascension fulgurante Adewale Adeyemo débute sa vie profession- nelle en tant que rédacteur au sein du Hamilton Project. Il s’agit d’une ini- tiative de politique économique créée par le Think Tank Brookings Institu- tion en 2006 par des décideurs publics, des hommes d’affaires, des universitaires et des économistes. Le projet a pour objectif de faire pros- pérer la tradition d’opportunité, de prospérité et de croissance des Etats- Unis. Au contact des autres penseurs économiques, le Nigérian apprend tous les contours de la création et de l’exécution de politiques innovantes et pragmatiques.
L’expertise de Wally devient si im- portante qu’en 2013, il est nommé conseiller principal et chef de cabinet adjoint du secrétaire au Trésor Jack Lew. À l’occasion de son discours de prise de service, Wally rend hommage au choix de ses parents. « Bien qu’ils n’aient pas pu être ici aujourd’hui, je tiens à rendre hommage à mon père et à ma mère qui ont immigré dans ce pays à la recherche du rêve américain et de la possibilité de nous offrir, à mon frère, à ma sœur et à moi, une vie meilleure. Ils ont travaillé dur, en tant que directeur d’école primaire et infirmière, pour donner des chances énormes à leurs enfants, mais en cours de route, ils nous ont inculqué les valeurs qui nous guident chaque jour », confie-t-il ému. Ce jour-là, Wally n’hésite pas à raconter à l’assemblée certains des moments ayant forgé son carac- tère et ses valeurs. « Ce désir de m’inculquer la valeur du service a conduit mon père à me réveiller tôt le matin du 11 février 1990 pour assister à la libération de Nelson Mandela.
Même si les images de ma télévision étaient celles d’une réalité située à des milliers de kilomètres de notre maison en Californie, je pouvais sen- tir l’espoir que Mandela inspirait non seulement aux Sud-Africains mais aussi à mon père. Voir Nelson Man- dela passer de prisonnier à président et entamer le processus de rassem- blement d’un pays était plus qu’ins- pirant, cela m’a motivé à imaginer comment je pourrais utiliser le ser- vice public pour améliorer le monde autour de moi », se souvient Adewale Adeyemo.
A son poste, il devient le négociateur en chef des dispositions du Partena- riat Transpacifique, en matière de po- litique macroéconomique. Quelques mois auparavant, il avait fait ses preuves en tant que premier chef de cabinet du Bureau de protection fi- nancière des consommateurs. Le pré- sident Barack Obama entend parler de son excellent travail. Il décide, en 2015, de nommer Adewale Adeyemo au poste de conseiller adjoint à la sécurité nationale et de directeur ad- joint du Conseil économique national. A ce poste, le Nigérian doit, entre autres responsabilités, coordonner le processus d’élaboration des poli- tiques en matière de finances inter- nationales, de commerce, d’inves- tissement, d’énergie et de protection de l’environnement. Il représente également Barack Obama à certains sommets du G7 et aux forums inter- nationaux du G20.
Après le départ de Barack Obama de la Maison Blanche, Wally Adeyemo est recruté par la multinationale amé- ricaine spécialisée dans la gestion d’actifs BlackRock, pour donner des conseils sur la politique macro- économique et la géopolitique à des hommes d’affaires et à des ONG. En 2019, il est nommé à la tête de la fon- dation Barack Obama. C’est ce poste qu’il occupait jusqu’à l’annonce de sa nomination par Joe Biden. D’après ses propres mots, il a pour ambition de reconstruire l’économie américaine. La nomination de Wally Adeyemo a été vivement commentée par la presse africaine, prouvant la fierté du continent face à cette suc- cess-story. Certains n’hésitent pas à rappeler qu’aussi bien son patronyme que son pré- nom sont construits sur la racine « Adé », signi- fiant couronne en Yoruba. Ainsi, il serait destiné à emboiter les pas à Ba- rack Obama à la Maison Blanche, si la constitution américaine n’exigeait pas, pour cela, d’être né aux USA. (Agence Ecofin)