par Paul ELLA, Expert-Financier
Donnez-moi le contrôle de la monnaie d‘une nation et je n‘aurai pas à me soucier de ceux qui font ses lois. » Mayer Amschel Rothschild.
Le Franc CFA contre les intérêts de l’Afrique
Le franc CFA est créé le 25 décembre 1945 par un décret signé par trois fran- çais : Charles de Gaulle, René Pleven et Jacques Soustelle, sans aucun africain. D’un point de vue historique, la France sort de la seconde guerre mondiale avec une économie lancinante, qu’elle va relever grâce à ses colonies d’Afrique, qui constituent des sources inépuisables de richesses du sol et du sous-sol, mais aussi de main d’œuvre gratuite. La France, avec la naissance du Franc CFA, venait de créer la colonne verté- brale de la Françafrique et de ses ré- seaux mafieux de spoliation et de chan- tage, en même temps qu’elle venait de signer l’arrêt de mort économique des pays africains concernés. L’Afrique est ainsi prise en otage du fait des accords monétaires postcoloniaux, ne disposant librement ni de sa politique monétaire, ni de sa politique budgétaire, piliers de toute politique économique autonome. Ce qui prive l’Afrique du recours aux politiques expansionnistes, ne pouvant recourir ni à l’inflation ni à l’endette- ment.
Une manœuvre cosmétique
C’est dans un exercice ostentatoire de mépris à la souveraineté des Etats africains que le Sénat français, confor- mément à l’esprit d’impérialisme monétaire qui sous-tend son rapport à l’Afrique depuis 75 ans aujourd’hui, va ratifier unilatéralement le passage du Franc CFA à l’Eco en janvier 2021, sans aucune concertation préalable avec les 8 pays ouest africains de l’UEMOA concernés par la réforme. Au-delà du mépris, c’est un hold-up. En effet, l’Eco correspond à l’abréviation d’ECO- WAS, sigle anglais de la traduction de CEDEAO qui regroupe les 16 pays d’Afrique de l’Ouest, au-delà de la zone CFA donc, incluant ainsi des pays tels que le Ghana et le géant Nigéria. L’avènement de l’Eco mettrait fin à la présence des français au sein de la BCEAO et au maintien des réserves de change dans les comptes du Trésor Pu- blic français. Non seulement les nègres de maison sont toujours disponibles pour servir les intérêts de l’Hexagone contre leurs peuples, mais les réserves ne feront que changer de lieu de reten- tion. La France, elle, n’aura plus à sup- porter les 0,75% de charge d’intérêts liées à leur hébergement.
Demeurent alors inchangées, les dispo- sitions relatives à la parité fixe, et à la garantie illimitée de convertibilité. Arrimé en parité fixe à l’euro qui est une monnaie forte, le Franc CFA constitue une taxe sur les exportations qui com- prime la créativité économique et freine l’industrialisation, tout en favorisant la consommation de produits étrangers. La garantie illimitée de convertibilité favorise exclusivement les multinatio- nales dans leur approvisionnement en matières premières au franc symbo- lique sans avoir à débourser la moindre devise, tout comme elle facilite leurs investissements en zone CFA sans cou- rir le moindre risque de dépréciation monétaire, sans oublier la facilité de rapatriement des bénéfices réalisés. En somme, l’Eco n’est qu’une forme édul- corée du Franc CFA, un leurre.